Le bruit causé par les transports augmente le risque de suicide

29.03.2023

Les troubles psychiques touchent près d’un milliard de personnes dans le monde et constituent l’une des principales causes de suicide. Une étude de l’Institut Tropical et de Santé Publique Suisse (Swiss TPH) vient de révéler que le risque de suicide augmente chez les personnes exposées à des niveaux élevés de bruit causé par les transports. Les résultats ont été publiés aujourd’hui dans la revue scientifique à comité de lecture Environmental Health Perspectives.

Photo: Freepix

Photo: Freepix

Les troubles psychiques touchent près d’un milliard de personnes dans le monde et constituent l’une des principales causes de suicide. En Suisse, on estime qu’environ 1,4 million de personnes souffrent de problèmes de santé mentale et que près de 1000 personnes mettent fin à leurs jours chaque année. Des facteurs environnementaux tels que la pollution de l’air ou le bruit ont été associés à des conséquences néfastes sur la santé, notamment les maladies cardiovasculaires et le bien-être général. Cependant, les preuves tangibles des effets du bruit causé par les transports sur les troubles de santé mentale restent rares.

Pour la première fois, des chercheurs du Swiss TPH ont évalué l’association entre le bruit causé par les transports et le suicide en Suisse. L’étude, publiée aujourd’hui dans la revue scientifique à comité de lecture Environmental Health Perspectives, a analysé les données de 5,1 millions d’individus adultes de la Swiss National Cohort de 2001 à 2015.

Elle a révélé que l’exposition au bruit à domicile causé par le transport routier et ferroviaire était liée à un risque plus élevé de décès par suicide. Pour chaque palier supplémentaire de 10 dB du bruit moyen à domicile causé par la circulation routière, le risque de suicide augmente de 4 %. Une association avec le bruit des chemins de fer, bien que moins marquée, a également été observée. Les résultats constatés étaient solides, même après un ajustement tenant compte de l’exposition à la pollution de l’air, du nombre d’espaces verts aux alentours du domicile et de plusieurs indicateurs socio-économiques.

Le bruit, un facteur de stress permanent

«Nous avons utilisé les suicides comme indicateur des troubles psychiques, car nous ne disposons pas de données suisses solides sur les diagnostics de santé mentale tels que la dépression ou l’anxiété», a déclaré Benedikt Wicki, doctorant au Swiss TPH et premier auteur de l’étude. «Le bruit augmente la charge mentale, contribuant au développement de troubles mentaux ou à l’aggravation de conditions préexistantes.»

Les mécanismes biologiques par lesquels le bruit influe sur la santé mentale comprennent les troubles du sommeil, des niveaux accrus d’hormones de stress, des modifications des fonctions cérébrales ou le sentiment de perte de contrôle. «Notre cerveau perçoit le bruit comme un signe de menace potentielle et active une réaction de lutte ou de fuite. Le bruit permanent causé par les transports lorsque vous êtes à la maison peut vous rendre agité et incapable de faire face au stress», a déclaré Danielle Vienneau, chercheuse au Swiss TPH et auteure principale de l’étude.

Une quinzaine d’années de données

L’étude repose sur les données de 5,1 millions de personnes âgées de 15 ans et plus de la Swiss National Cohort de 2001 à 2015. Les chercheurs ont comparé ces données à celles de l’exposition au bruit causé par les transports, notamment la circulation routière, les chemins de fer et l’aviation. Les données relatives à l’exposition au bruit étaient disponibles pour tous les ménages en 2001 et 2011, et ont été attribuées aux participants à l’étude en fonction de leur lieu de résidence.

Les mesures de réduction du bruit portent leurs fruits

L’étude souligne l’importance de se pencher sur les effets sur la santé du bruit causé par les transports, de la pollution de l’air et de l’intégration d’espaces verts dans les politiques d’urbanisme et de santé publique.

«Notre étude vient s’ajouter au nombre croissant de résultats tangibles indiquant que l’exposition chronique au bruit causé par les transports a un impact sur notre bien-être physique et mental», a déclaré Martin Röösli, chef de l’unité Environmental Exposures and Health du Swiss TPH. «Notre étude démontre en outre que des mesures de réduction du bruit telles que les limitations de vitesse, les véhicules plus légers et les revêtements routiers et pneus antibruit portent leurs fruits.»

À propos de l’étude

L’étude a été financée par le Fonds national suisse. 

Wicki B et al. Suicide and Transportation Noise: A Prospective Cohort Study from Switzerland, Environmental Health Perspectives 2023. doi.org/10.1289/EHP11587.

Martin Röösli

Martin Röösli

Full Professor, PhD

Abonnez-vous à notre newsletter et recevez toutes les dernières nouvelles de la recherche, nos projets, cours et événements.