Les personnes à faibles revenus sont plus touchées par la pandémie

30.11.2021

L’étude COVCO-Bâle de l’Institut Tropical et de Santé Publique Suisse (Swiss TPH) analyse depuis plus d’un an les conséquences sanitaires et sociales de la pandémie de coronavirus. Les nouveaux résultats de l’étude révèlent que les personnes à faibles revenus souffrent davantage de la pandémie. En effet, les symptômes dépressifs ont augmenté dans ce groupe de population.

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Les participants plus jeunes et les femmes, ainsi que les personnes à faible revenu, souffrent particulièrement de la pandémie. (Photo : 123RF)

L'étude COVCO-Bâle analyse les vastes conséquences sanitaires et sociales sur le long terme de la pandémie de SARS-CoV-2 sur la population adulte des cantons de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne. Plus de 13 000 personnes participent à cette étude. Les sondages réguliers menés depuis juillet 2020 permettent d'analyser les conséquences de la pandémie et leur évolution dans le temps. Les chercheurs de l'étude COVCO-Bâle ont publié les nouveaux résultats de l'étude dans le rapport scientifique de juillet 2020 à août 2021, mandaté par les directions de la santé des cantons de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne.

Les personnes à faibles revenus sont plus touchées

L'étude COVCO-Bâle analyse de manière approfondie la santé psychique au sein de la population de la région bâloise. Elle révèle que la fréquence des symptômes de dépression a augmenté et que les participants à faibles revenus ainsi que les personnes plutôt jeunes et les femmes sont les plus concernés. "Nous constatons que ces personnes ont présenté très tôt dans la pandémie une symptomatologie dépressive prononcée, qui s'est ensuite aggravée et n'est pas revenue à la mi-2021 au niveau du début de la pandémie", explique Nicole Probst-Hensch, directrice du département "Epidemiology and Public Health" au Swiss TPH et directrice de l'étude COVCO-Bâle. En revanche, les personnes qui ont moins de soucis financiers et un revenu plus élevé, principalement des hommes, présentent une symptomatologie dépressive peu prononcée pendant toute la durée de la pandémie. L'étude montre que les personnes à faibles revenus ont en général une qualité de vie moins élevée en ce qui concerne leur santé psychique et physique ainsi que leur bien-être social et leur satisfaction vis-à-vis de leurs conditions de logement.

Les participants sont également interrogés sur ce qui les inquiète le plus durant cette pandémie. "La peur de contracter le coronavirus ou que des personnes proches soient contaminées n'est pas leur première préoccupation. Les restrictions en matière de voyages ou d'événements culturels sont ce qui inquiète le plus les participants", précise Nicole Probst-Hensch.

Influence d'une maladie COVID-19 sur l'incapacité de travail

L'étude COVCO-Bâle révèle également l'influence de la pandémie et des mesures de confinement sur la situation professionnelle; les données concernant ces aspects ont été collectées en collaboration avec la faculté de droit de l'Université de Bâle. 10 à 15% des personnes actives déclarent travailler davantage qu'avant la pandémie. Les participants en télétravail, en particulier, travaillent plus que sur leur lieu de travail habituel et souvent aussi le week-end. Chez les personnes qui doivent suspendre leur activité professionnelle en raison d'une maladie COVID-19, l'incapacité de travail dure dans la plupart des cas 1 à 2 semaines, mais au moins un mois pour 10% d'entre elles. Le risque de rechute avec une nouvelle incapacité de travail augmente plus la durée de l'incapacité de travail pendant la première phase de la maladie est longue.

Forte proportion de la population présentant des anticorps au SRAS-CoV-2 COVCO

-Bâle participe en outre à l'étude sur les anticorps du programme de recherche suisse de Corona Immunitas. Des prises de sang ont permis de déterminer le niveau d'anticorps chez environ 3000 personnes des cantons de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne. En août 2021, près de 90% des participants déclaraient avoir été vaccinés deux fois. Ces taux étaient identiques dans les cantons de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne pour les 50 à 64 ans (87%) et les plus de 65 ans (94%), mais ils étaient de 82% pour les 18 à 49 ans dans le canton de Bâle-Ville et de 75% dans le canton de Bâle-Campagne. L'augmentation du nombre de personnes vaccinées en 2021 se reflète aussi dans l'augmentation des tests sérologiques positifs dans la région bâloise: mi-2021, environ 75% des personnes de moins de 65 ans présentaient des anticorps contre le SARS-CoV-2, et même plus de 90% chez les plus de 65 ans. Cette augmentation est comparable à celle observée dans d'autres cantons. Ces chiffres doivent toutefois être considérés avec prudence. "Comme les personnes à faibles revenus, moins souvent vaccinées contre le coronavirus, étaient un peu moins nombreuses à participer à l'étude, ces taux de vaccination assez élevés sont probablement une surestimation par rapport à l'ensemble de la population", explique Nicole Probst-Hensch.

A propos de l'étude COVCO-Bâle

COVCO-Bâle est réalisée par Swiss TPH et cofinancée par les cantons de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne. COVCO-Bâle se compose de deux études avec une cohorte de séroprévalence d'environ 3000 personnes (participation par prise de sang pour des tests sérologiques et par questionnaire numérique) et une cohorte numérique d'environ 10 000 personnes (participation par questionnaire numérique). L'étude est menée depuis juillet 2020 et conçue en tant qu'étude de longue durée pour analyser sur le long terme les conséquences sanitaires et sociales de la pandémie et des mesures de confinement sur la population de la région bâloise. COVCO-Bâle participe également au programme de recherche suisse Corona Immunitas de la Swiss School of Public Health (SSPH+). Corona Immunitas est un programme scientifique visant à analyser l'immunité contre le SARS-CoV-2. La partie des études coordonnée de manière centralisée par Corona Immunitas sera réduite à la fin de l'année, mais COVCO-Bâle sera poursuivie. Des analyses des conséquences sanitaires et environnementales sont également prévues dans l'avenir. COVCO-Bâle doit contribuer à créer un cadre de vie et d'habitation de grande qualité pour les personnes qui vivent dans la région.

"L'étude COVCO-Bâle fournit des informations importantes sur les conséquences de la pandémie de coronavirus et nous aide à poursuivre la lutte contre le coronavirus sur la base de faits concrets. Je remercie donc, au nom du Département de la santé de Bâle-Ville, toutes les personnes impliquées et en particulier les quelque 13 000 participants qui ont permis de mener cette étude essentielle", déclare le médecin cantonal Thomas Steffen, directeur des services médicaux du Département de la santé du canton de Bâle-Ville. "

Nous sommes impressionnés par les résultats de l'étude COVCO. Pour nous, l'intégration de l'étude dans des programmes de recherche nationaux a été un élément important dès le départ", précise Jürg Sommer, directeur de l'Office de la santé publique de Bâle-Campagne.

Nicole Probst-Hensch

Nicole Probst-Hensch

Professor, PhD (Pharmacy and Epidemiology), MPH

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